Ces deux hommes vont-ils conclure leur négociation ? |
Il y a près de 10 ans, le 16 janvier 2006, se tenait un
colloque sous le titre « Les syndicats sont-ils mortels? », réunissant François
Chérèque et Bernard Thibault, alors secrétaires généraux de la CFDT et de la
CGT. L’un des points d’accord des deux débatteurs était de répondre par
l’affirmative à l’éventualité d’une mort du syndicalisme. Une décennie plus
tard, la question est toujours d’actualité.
Non, bien sûr, le dialogue social n'est pas mort, mais le risque de sa marginalisation progressive est réel. C'est pourquoi il faut d'urgence le légitimer et le moderniser. Trois pistes de réforme s’imposent.
Premièrement : donner
plus de légitimité aux partenaires sociaux. Il faut faire précéder le
dialogue social d’un dialogue économique, sans quoi les représentants du
personnel sont cantonnés à un rôle d’accompagnement sans prise sur le contenu
des changements : sortant de leur rôle de « pompiers du social »,
les partenaires sociaux doivent devenir des « partenaires économiques et
sociaux ». De même, leur légitimité doit être renforcée par la poursuite
des mesures touchant à la représentativité, une réelle lutte contre la
discrimination syndicale, la réduction drastique du nombre de branches
professionnelles, dont beaucoup sont inactives, et des mesures exigeantes sur
la représentativité patronale.
Deuxième piste : donner
davantage de poids à la négociation. Le modèle français de relation sociale
est dual : il repose à la fois sur les délégués syndicaux (désignés par
les organisations syndicales représentatives) et sur les représentants du
personnel élus, qui siègent dans les CE, CHSCT, etc. Les premiers participent à
des négociations et les seconds à des informations-consultations, d’où le
caractère trop formel de notre dialogue social, qui n’est pas suffisamment
porteur de changements réels. Cette révolution nécessite des syndicats forts et
responsables.
Enfin, troisième voie de réforme indispensable : la modernisation des instances
représentatives du personnel (IRP). La séparation entre CE et CHSCT est
devenue un handicap, alors même que les syndicats veulent réinvestir le champ
du travail, trop longtemps délaissé, qui n’a jamais été aussi sensible pour les
salariés et la compétitivité des entreprises. Il faut fusionner les IRP (au
moins par accord majoritaire ou expérimentation) mais maintenir l’intégralité
de leurs prérogatives et préserver ce qui fait la force des CHSCT : leur
capacité à enquêter sur le travail, leur proximité avec le travail réel et leur
ouverture (présence du médecin du travail et des acteurs de la santé).
Martin RICHER, consultant en Responsabilité sociale des
entreprises, coordinateur du pôle Entreprise
Travail & Emploi de Terra Nova
Cette tribune a été publié dans le No d’avril 2015 du
mensuel « L’Expansion »
(page 115).
Pour aller plus loin :
Trois articles sur ce blog :
La note de Terra Nova : « Le dialogue social au seuil d’un renouveau »
Le mensuel « L’Expansion »
Illustration : L'Alliance de Jacob et de Laban de
Pierre de Cortone (dit), Berrettini Pietro
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