Pour bon nombre d’entreprises, la RSE est une matière
première qui alimente « le ministère de la parole ». Pour d’autres,
heureusement de plus en plus nombreuses, c’est un moyen d’agir.
La RSE se définit traditionnellement par sa fonction
classique de rendre compte des impacts des décisions et activités de l’entreprise
sur la société et l’environnement. Elle pourrait donc se borner à la
préservation des ressources. Mais elle doit aller plus loin et s’intéresser au
développement de ces ressources. C’est notamment le cas du « capital
humain », à l’heure où les technologies et les compétences sont soumises à
une obsolescence de plus en plus rapide.
Dans notre société de la connaissance,
la formation est ce qui permet aux acteurs économiques, entreprises et
individus, de se distinguer, de tirer leur épingle d’un jeu concurrentiel sans
merci. Elle soutient l’innovation et la compétitivité.
La formation professionnelle (« tout au long de la vie… »)
est le carburant de la sécurisation des parcours professionnels : elle
accompagne les hommes et les femmes pour les aider à passer le cap des
mutations économiques, pour développer leur potentiel et participer à leur
progression professionnelle et personnelle. Rappelons qu’avec ou sans
politiques de GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) on
constate que les salariés qui sont le plus fortement victimes des
restructurations sont aussi ceux qui ont le moins bénéficié de la formation. Et
les chercheurs ont montré que la durée moyenne du chômage est d’autant plus
longue que la formation reçue lors des dernières années en poste était faible. Il
y a donc bien une responsabilité sociale à former et mieux former, obligation plusieurs
fois renforcée par la jurisprudence.
La formation est en elle-même un levier de RSE. Mais c’est
aussi la façon dont ce levier est actionné qui importe. En effet, la formation soutient
la mise en place des politiques qui donnent chair à la RSE, par exemple :
- égalité professionnelle (vérifier que les femmes bénéficient d’un effort de formation suffisant pour accompagner leur ascension dans les prises de responsabilité),
- inclusion, diversité et non-discriminations (formation des salariés handicapés, des moins qualifiés, des seniors et plus généralement des traditionnels oubliés de la formation),
- santé au travail (formation des managers à la prévention des risques psychosociaux, par exemple).
De même, l’efficience du levier formation en matière de RSE
dépend aussi de son insertion au sein des dispositifs de RH tendus vers le
développement et l’adaptation des compétences : entretiens professionnels,
situations apprenantes, valorisation des acquis, GPEC, etc.
Il faut aussi être attentif à l’orientation de l’effort de
formation. Si celui-ci est entièrement alloué à l’adaptation des salariés à
leur poste de travail, il ne remplit pas un objectif de responsabilité sociale
puisqu’il a pour effet d’asservir le salarié à son poste au lieu de l’aider
à progresser et à acquérir les moyens de son autonomie. Les compétences dites « transversales »
et « transférables », qui accompagnent les évolutions et les
mobilités, jouent donc un rôle privilégié en matière de RSE.
Les entreprises n’ont aucun intérêt, dans l’état actuel des dispositifs, à financer les formations destinées à développer les compétences permettant à leurs salariés de développer leurs compétences transférables et préparer leur reconversion professionnelle. Pour concrétiser la responsabilité sociale, il faudrait donc reconcevoir les dispositifs afin d’internaliser les coûts sociaux afférents, ce vers quoi la négociation initiée sur la formation professionnelle n’ira pas.
Les entreprises n’ont aucun intérêt, dans l’état actuel des dispositifs, à financer les formations destinées à développer les compétences permettant à leurs salariés de développer leurs compétences transférables et préparer leur reconversion professionnelle. Pour concrétiser la responsabilité sociale, il faudrait donc reconcevoir les dispositifs afin d’internaliser les coûts sociaux afférents, ce vers quoi la négociation initiée sur la formation professionnelle n’ira pas.
Enfin, la RSE est aussi une approche qui fédère, qui
rassemble le collectif de travail. Or nous savons, d’ores et déjà, que le monde
des « sans » de demain, les sans-travail, les sans-domicile, sera
peuplé de ceux qui sont restés à l’écart de la construction des compétences. C’est
toute la chaîne qui va de l’école jusqu’aux dispositifs de formation continue,
qui doit être mobilisée.
A l’occasion de la négociation sur la réforme de la
formation professionnelle qui s’engage, je vous propose de poursuivre le débat
en consultant le premier d’une série de trois articles que je publie sur le
site des Echos : « Formation professionnelle : les impasses de la réforme (1/3) », 21 octobre 2013
Pour aller plus loin sur le sujet, lire:
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